HFR. Des radioamateurs équipent les sites hospitaliers d’émetteurs-récepteurs

HFR. Des radioamateurs équipent les sites hospitaliers d’émetteurs-récepteurs

Des postes radio avec antennes relais ont été posés sur les sites HFR de Fribourg, de Meyriez, de Riaz et de Tavel pour délester et fluidifier les communications en cas de catastrophe.

Le site de Riaz dispose d’un émetteur-récepteur qui lui permet de communiquer avec les autres sites hospitaliers.Corinne Aeberhard

«HB3 Yankee Papa Echo», s’annonce, micro en main, Emmanuel Codogno sur un léger grésillement d’onde. Ce radioamateur s’apprête à établir une liaison test avec le site de l’Hôpital cantonal sur la bande des ultra hautes fréquences (UHF). L’émetteur-récepteur d’où il s’exprime est installé sur une tirette à l’intérieur d’un meuble de la réception de la permanence médicale du site de Riaz. Non loin de la machine à café.

Grâce à l’Association romande radio secours (ARRS), dont Emmanuel Codogno est membre, les quatre sites de l’HFR (Fribourg, Riaz, Meyriez et Tavel) sont désormais reliés par réseau radio. Ce sont les besoins en télécommunication lors d’événements comme des black-out ou des catastrophes naturelles qui sont à l’origine du projet. Dans cette optique, l’ARRS a approché l’HFR, en décembre 2022, pour lui exposer son idée.

« Notre but n’est pas de supplanter les réseaux étatiques »

Emmanuel Codogno·Membre de l’Association romande radio secours

«Notre réseau intervient en redondance des réseaux de secours officiels. Notre but n’est pas de supplanter les réseaux étatiques comme Polycom (système radio numérique disposant d’un cryptage, ndlr)», insiste Emmanuel Codogno.

En cas de crise

«Nos radios permettent de délester et fluidifier les communications en cas de catastrophe majeure», poursuit-il. Mais l’atout des ondes analogiques ne s’arrête pas là. «En cas de panne d’internet, le système Polycom pourrait être affaibli et perdrait une partie de sa capacité de télécommunication», remarque-t-il.

A côté de l’émetteur-récepteur se trouve un autre boîtier. «C’est l’alimentation qui est branchée sur le groupe secours de l’hôpital», détaille le radioamateur. Ce mode d’alimentation permet de tenir sur la durée. Surtout dans un cas de figure où plusieurs antennes de téléphonie mobile subiraient une coupure d’électricité, intentionnelle ou non. «Les antennes relais GSM ont une autonomie de quatre à six heures. Mais en cas de crise majeure, lorsque plus de personnes sollicitent un même relais GSM, celui-ci risque de tomber plus vite», illustre Emmanuel Codogno.

Avant de poser l’installation, l’ARRS a dû s’adresser à l’Union des amateurs suisses d’ondes courtes (USKA) pour obtenir des fréquences dédiées aux communications entre les hôpitaux. C’est à la suite d’une validation par l’Office fédéral des télécommunications (Ofcom) que l’association a pu procéder à l’installation, puis à la mise en service d’un premier relais au 9e étage de l’Hôpital cantonal. L’équipement des sites de Riaz et de Meyriez a ensuite suivi. Quant à celui de Tavel, il dispose d’une radio portable, qui capte directement l’antenne de Fribourg. «Nous avons formé deux chargés de sécurité des HFR à l’utilisation des radios», indique Emmanuel Codogno, prêt à en faire autant avec d’autres structures hospitalières romandes.

L’ARRS a notamment installé des antennes sur le toit de l’Hôpital cantonal de Fribourg.DR

Une utilité publique

«Ainsi, les sites de l’HFR et du RHNe qui aimeraient communiquer auraient la possibilité de le faire dans les minutes qui suivent les interruptions d’électricité», relève pour sa part Patrik Glauser, président de l’ARRS. Ce dernier ajoute que des discussions sont en cours avec l’Hôpital intercantonal de la Broye (HIB). L’association composée de bénévoles compte d’ailleurs sur les soutiens financiers afin de développer le réseau qu’elle met à disposition d’institutions.

Ici, l’émetteur-récepteur est installé sur une tirette à l’intérieur d’un meuble de la réception de la permanence médicale du site de Riaz.Corinne Aeberhard

Dans de nombreux autres pays, les radioamateurs sont automatiquement mis à contribution en cas de catastrophe. Ce qui n’est pas le cas en Suisse, regrettent ces radioamateurs. «Nous aimerions bien être reconnus d’utilité publique, avec un mandat officiel.»

«L’Union internationale des télécommunications incite les radioamateurs à s’organiser en cas de catastrophe», relèvent-ils. Ainsi, même sans rôle défini, les membres de l’ARRS se préparent: «Nous faisons des point à point. C’est-à-dire que nous pourrions desservir une zone sinistrée avec nos radios mobiles et notre matériel privé.»

«Cette solution complète notre plan catastrophe»

Du côté de l’Hôpital fribourgeois (HFR), le réseau mis en place par les radioamateurs est perçu comme une solution supplémentaire en cas de black-out total des moyens de communication inter et intrasite. «Cette solution complète notre plan catastrophe. Au cours de l’année 2022, nous avons eu plusieurs pannes du réseau GSM de Swisscom et nous avons dû gérer la crise d’approvisionnement électrique avec le risque de black-out généralisé qui lui était lié», justifie Catherine Favre Kruit, responsable communication à l’HFR. «La migration informatique opérée au cours de l’année 2024 a également pesé dans la balance pour accepter l’offre ARRS, car un tel projet représente un risque supplémentaire de black-out.» L’HFR a investi un peu moins de 1000 francs dans ce projet pour l’achat de radios portables et de deux stations fixes.

La stratégie de redondance des moyens de communication de l’HFR repose sur un réseau de téléphonie de secours et des GSM de différents opérateurs répartis entre divers services et sites. «Nous abritons dans nos murs le 144, ce qui facilite une communication directe en cas de problèmes, car le 144 a lui-même son propre plan de redondance, notamment avec le réseau Polycom», ajoute la responsable communication.

L’article complet ainsi que les photos, proviennent directement du journal La Liberté

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